Elle a été créée par Décret Présidentiel N° 71/DF/74 du 24 février 1971. l’Etat avait assigné à la société trois missions essentielles de lutte de contre la pauvreté :
- Assurer la sécurité alimentaire des populations en proie à la rudesse du climat ;
- Contribuer à l’autosuffisance du Cameroun en riz ;
- Limiter l’exode rural en fixant les jeunes dans les villages rizicoles.
Les activités quotidiennes de la SEMRY consistent à :
- Assurer les labours des rizières et des aires de pépinières
- Fournir l’eau pour l’irrigation des rizières
- Entretenir le réseau d’irrigation
- Assurer l’encadrement technique des riziculteurs
- Produire la semence de base et de pré base de qualité.
Quant aux riziculteurs, il est attribué à chacun une parcelle de 50 ares moyennant le paiement d’une redevance. Les autres opérations culturales étant aussi à la charge du paysan, toute la récolte lui appartient.
Avant la crise, les activités de la SEMRY était grassement financées à travers de gros investissements et des moyens colossaux mobilisés par l’Etat. L’entreprise achetait toute la production aux paysans, la transformait et commercialisait le riz blanc.
Malheureusement, c’est au moment que la SEMRY a atteint un bon niveau de production que la crise économique va la rattraper et entrainer le gel de toutes les subventions de l’Etat.
Un autre fait et non des moindres, l’impitoyable effet de la concurrence du riz de l’Asie du Sud-Est qui avait littéralement inondé le marché camerounais. Le riz de la SEMRY, alors peu subventionné, n’a pas pu tenir la cote sur le marché. Cette situation de mévente a entrainé pour la société des pertes énormes.
La société va ainsi entrer dans une zone de turbulence et sombrer à deux reprises. Ce qui a amené l’Etat à prendre des mesures draconiennes. L’un des plans prévoyait l’abandon du traitement industriel jugé trop onéreux et peu compétitif, la fin du monopole d’achat de la production du paddy par la SEMRY, le transfert d’un certain nombre de fonctions, dont la commercialisation du paddy, aux paysans. Malheureusement, on est en face d’un paysannat mal organisé et mal préparé à gérer les nouvelles responsabilités qui lui sont transférées, notamment dans le domaine de la commercialisation.
Avec la crise alimentaire de 2008, les pouvoirs publics vont décider de la relance de la riziculture dans la vallée du Logone. Les efforts fournis par la Direction Générale ont permis de booster la production qui avoisine aujourd’hui 100 000 tonnes de paddy par an. Le hic c’est que toute cette production est écoulée vers les pays voisins l’instar du Nigéria et du Tchad, parce que la SEMRY ne dispose plus d’unités de transformation. C’est pourquoi, l’Etat à une fois de plus décider de doter la SEMRY de grosses rizeries, qui seront bientôt installées à Yagoua et à Maga avec des capacités de plus de 10 tonnes de riz blanc à l’heure chacune, et capable de calibrer le riz aux normes de commercialisation.
Le but de la mise à disposition de la SEMRY de ces fonds (2,5 milliards) par le gouvernement est de permettre à la société de racheter le paddy aux riziculteurs, (il faut 12 à 15 milliards de FCFA pour racheter la production annuelle) la transformer localement et mettre sur le marché camerounais le riz.
Les retombées de cette opération sont multiples :
– Stimuler la production. Le paddy sera acheté à un prix incitatif. Ce qui permettra au producteur de mieux équilibrer son compte d’exploitation
– Créer de nouveaux emplois. La mise en marche des unités de transformation pourra créer entre 300 et 50 emplois directs
– La disponibilité des sous-produits de transformation comme les balles de riz utilisables comme bois de chauffage et dans l’électricité de biomasse ; les sons et la farine basse utilisables pour l’alimentation du bétail et de la volaille
– Mettre à la disposition des Camerounais un riz de très haute qualité, bio, frais et naturellement parfumé, avec des qualités organoleptiques prouvés et inégalables
Un premier galop d’essai est en cours depuis 2013. Le MINADER a mis à la disposition de la SEMRY un fonds pour racheter le paddy aux sinistrés des inondations de 2012 à un prix incitatif pour leur permettre de mieux relancer leurs activités. Avec l’appui du MINCOMMERCE, le riz transformé estampillé SEMRY est mis en vente à Yaoundé. Quant au deuxième projet relatif à la réhabilitation de la ligne électrique Maroua – Maga, il est lié aussi lié à la mise en marché des nouvelles rizeries de la SEMRY. Depuis l’arrêt des opérations de transformation du riz en 1989, cette ligne est tombée en désuétude du fait du non entretien (parce que peu rentable, entre autres). De plus, les poteaux en bois peuvent difficilement tenir dans un sol mouvant comme les yaérés en saison des pluies. Nous constatons qu’en saison des pluies, tout l’arrondissement de Maga est sevré de courant électrique. C’est pourquoi, pour les responsables de la SEMRY qui ont mené les démarches en vue de cette réhabilitation, le renforcement de cette ligne est un préalable au démarrage des activités de transformation du paddy. Le gros du travail consistera à remplacer les poteaux actuels parc ceux en métal ou en béton armé.